En Côte d’Ivoire, une synergie est en marche entre les nouvelles technologies et l’agriculture. Ibrahim T. Konaté, DG Adjoint de l’Ansut (Agence nationale du service universel des télécommunications/TIC) nous parle de ce rapprochement qui a donné naissance au projet « e-agriculture » qui devrait permettre de booster le secteur agricole.
Comment l’Agence nationale du service universel des télécommunications/TIC (Ansut) qui œuvre dans les nouvelles technologies peut-elle intervenir dans le domaine agricole ?
Le ministère des TIC est en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, et l’Agence nationale du service universel des télécommunications/TIC (Ansut), à travers cet accord, travaille sur le projet « e-agriculture ». Un document de stratégie nationale est déjà mis en place avec une priorisation. Un certain nombre de projets sont identifiés déjà, et des chantiers lancés.
A travers ce document de stratégie nationale, nous apporterons un certain nombre d’éléments technologiques à la problématique qui a été soulevée par les experts du secteur agricole. C’est ça l’objet de e-agriculture. Les experts ont travaillé et déterminé six chantiers majeurs. Comme vous le savez dans le secteur agricole, seuls les acteurs eux-mêmes savent les difficultés qu’ils rencontrent. Par exemple, ils ont des problèmes d’information sur la disponibilité des produits, sur les semences, des problèmes climatiques, etc.
Grâce à la technologie on est capable d’apporter l’information à un agriculteur qui est au fin fond de la Côte d’Ivoire. Vous savez, le taux de pénétration des smartphones, de la téléphonie, est très élevé en Côte d’Ivoire. Seule l’information peut permettre au paysan d’être très performant. Sans oublier que celle-ci au niveau des produits sur les marchés leur permet d’accroître la création de richesse. Pour envoyer leurs produits, ils peuvent savoir où il y a des requêtes, et donc où orienter leurs produits, au lieu de garder une production vivrière qui peut rester ou pourrir par exemple, parce qu’ils ne savent pas qu’il y a une pénurie ailleurs.
En dehors du volet qui porte sur l’information, dans certains pays on voit des nouveautés comme la télé-irrigation ou irrigation à distance. Est-ce que ce genre de technologies est à l’ordre du jour en Côte d’Ivoire ?
Il faut aller par étape. L’Etat veut moderniser l’agriculture en Côte d’Ivoire. Le développement et la modernisation de l’agriculture est le leitmotiv du projet e-agriculture, sans compter le fait de produire plus avec moins, de façon durable. Seule la technologie peut permettre cela. Sur des surfaces réduites, avoir une certaine technologie pour produire plus, grâce à des systèmes d’auto-irrigation…
Nous avons une jeunesse qui est très portée sur la technologie. Nous devons la convaincre d’aller vers l’agriculture. Mais alors comment la convaincre ? Si la jeunesse voit qu’on utilise des méthodes technologiques pour faire l’agriculture, ce métier ne sera plus perçu comme dévalorisant. Ce sont des jeunes qui sont très bien formés.
La partie mécanique, robotique, est facile à mettre en œuvre, mais il faut d’abord faire la promotion du capital humain, la formation des ressources humaines.
Quels sont les résultats obtenus grâce à cette synergie entre nouvelles technologies et agriculture ?
Nous sommes au début. Mais il y a beaucoup de demandes. Ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui viennent vers nous. Même les producteurs du secteur vivrier viennent nous faire des requêtes. Des structures comme l’OCPV (Office de la commercialisation des produits vivriers) sont partenaires dans ce projet ainsi que les experts que nous avons cités. Il y a un tel engouement, il y a beaucoup d’attente. Nous sommes dans l’obligation d’apporter d’abord un minimum de solutions à ces agriculteurs, dès le départ. Pour le moment, la synergie est en termes de potentiel.
Propos recueillis par Ibrahim Souleymane, à Abidjan.